La création, du modelage à la cuisson raku
La création, c’est une notion d’envie. L’idée survient à tout moment et il faut en saisir l’essentiel. En modelant, il faut préserver ces premiers sentiments, ceux qui nous guident vers un résultat. C’est dans la spontanéité que tout s’installe. La forme s’exécute avec habileté. Elle restera ébauche jusqu’à sa dernière transformation.
Choisir la technique de la cuisson raku pour finaliser sa création implique d’amener sa réflexion au delà d’un projet académique. Dans cette approche, nous devons considérer que la création ne nous appartient plus dès lors que nous la livrons à la magie du feu, au hasard dit-on, au bonheur d’accepter avec humilité un résultat.
Au fil du temps, la technique de la cuisson raku ne cesse de nous surprendre. Malgré toute expérience, il existe toujours une part de ce hasard et ces instants passés auprès du feu nous invitent à la réjouissance.
l’instant d’émerveillement : il est un temps où chaque geste affine l’ébauche, où le moment consacré à la création prend forme tout au long d’une phase délicate, le modelage, pour atteindre un semblant de perfection. Jusque là, rien ne peut encore être dévoilé. A l’état brut, la création façonnée doit se consacrer au rituel de l’instant dédié. Elle se prépare, vêtue de son voile d’émail mât. Elle attend… Alors que le rideau se ferme pour une dernière répétition à l’abri des regards, les brûleurs, tels d’énormes projecteurs, inondent le sas, imposants de chaleur, illuminant l’arrière scène. La création doit encore attendre avant de se révéler au grand jour. Quand enfin le rideau se lève, peu à peu s’évadent les lueurs chaudes des projecteurs pour que s’installe l’incandescence d’une aube nouvelle. En fusion, le costume scintille. Voici que le spectacle commence ! La création sort de son antre et se laisse transporter au gré du souffle du vent. Celui-ci vient caresser la fragile apparence juste le temps savoureux d’un discours théâtral. Le son de l’émail qui se rétracte tinte comme le carillon d’une noce. Sous chaque petite note s’inscrit une légende.
l’instant de l’aboutissement : libre de son devenir, la création se soumet à son ultime transformation. Plongée dans le berceau du hasard, elle devra renaître de ses cendres. Dans cette salle obscure, l’attente semble éternelle. Quand alors le brouillard s’élève dans l’horizon et que lentement se consume l’influence des éléments, il est temps de vouloir la contempler, car voici venir l’instant de grâce où l’eau apaise la flamme pour réveiller l’éclat du joyau. L’oeuvre se dévoile en toute élégance, lavée de ses impuretés, forte de son cheminement et empreinte de son passage dans la profondeur du hasard. Elle est sereine. Elle est unique.