Le raku : le modelage selon Emmanuelle Not

De la conception au façonnage

La technique du Raku passe par la conception et la création d’objets non utilitaires.

Seuls, dès l’origine de cette technique issue du Japon (et de la Corée) au VIe siècle, les bols à thé étaient façonnés à la main pour accompagner le Cha No Yu (la cérémonie du thé). Aujourd’hui, nous utilisons du Grés pour donner forme à nos réalisations, parce que cette pâte résiste mieux aux chocs thermiques.

Le terme raku (qui à la base semblait être un nom propre) exprime dans le temps les notions de « bonheur », « félicité », « bonheur dans le hasard », « aise, joie et hasard », etc. Ce qui peut signifier, non qu’il soit aisé de pratiquer cette technique mais qu’il faut acquérir patience pour accepter le résultat et en apprécier son unique existence.

Choisir cette technique pour s’exprimer nécessite alors une grande part d’humilité !

Du séchage au dégourdi

Après le façonnage des objets, les réalisations entament leur processus de séchage à l’air libre.

Le temps venu, elles seront cuites une première fois pour durcir et devenir manipulables et déjà moins fragiles.

Cette cuisson à basse température que l’on appelle le « dégourdi », aux alentours de 980°C, détermine la phase première de cette technique : voici l’objet qui va devenir, se métamorphoser et s’illuminer jusqu’à atteindre le résultat.

Les réalisations sont enfournées dans un four spécial pour la céramique (four à gaz ou électrique). La montée en température dure environ 8 heures…

Le raku : l'enfournement selon Emmanuelle Not
Le raku : l'émaillage selon Emmanuelle Not

De l’émaillage à l’enfournement

Après le « dégourdi », chaque réalisation va être émaillée au pinceau ou par trempage.

Cette étape d’accompagnement de l’objet nécessite réflexion, car le choix des couleurs, l’harmonie entre le clair et l’obscur, ne se révèleront qu’après l’ultime cuisson.
L’émaillage invite à la créativité, donnant la tonalité de l’objet vers sa destinée.

L’émail est une poudre de verre améliorée dans laquelle des oxydes tels que le cuivre, le cobalt, le fer… sont incorporés pour déterminer la couleur (qui ne se révèlera qu’après cuisson).

L’émail commence sa vitrification aux alentours de 800°C et se durcira après une température suffisante (entre 950°C et 1 000°C selon les compositions).

Une fois émaillées, les réalisations seront enfournées dans un four à gaz ou à bois.

De la cuisson à l’enfumage

La cuisson de l’émail est rapide. Une montée progressive de la température dure environ 1 heure pour atteindre 980°C. C’est une des particularités de cette technique.
A cette température, il faut ouvrir le four et saisir les pièces incandescentes à l’aide d’une pince, une après l’autre, pour les laisser un instant à l’air libre. La différence de température entre l’intérieur du four et l’air ambiant provoque un choc thermique. L’émail va alors se craqueler. Les pièces encore très chaudes sont ensuite déposées sur des combustibles (type copeaux de bois, paille…) et s’enflamment aussitôt, puis, recouvertes de combustibles, elles sont mises « à l’étouffée », privées en partie d’oxygène.
Le carbone va se fixer sur les parties non émaillées et entre les craquelures.

Le raku : la cuisson selon Emmanuelle Not
Le raku : le défournement selon Emmanuelle Not

Le refroidissement et le résultat

Après avoir laisser un certain temps les réalisations à l’enfumage, elles sont ensuite refroidies en les plongeant dans l’eau ou par aspersion. Ce principe de refroidissement brutal provoque un ultime choc thermique et risque de fragiliser les réalisations.
Cette étape semble utile pour certains émaux, en particulier les lustres, mais elle est surtout nécessaire pour atteindre au plus vite le résultat tant attendu.
Ce résultat, passera par un nettoyage minutieux de l’objet

Le raku : l'enfumage selon Emmanuelle Not
Le raku : le nettoyage selon Emmanuelle Not