Atelier1-modelage-ENot

Je modèle

Publié dans : Je pense..., Mes pensées, Mon blog

L’instant présent se consomme.
Je modèle.
Ici j’ai envie d’extraire la matière, là, d’en rajouter, d’agrémenter, de parfaire.
Je convoque la rigueur d’une technique pour soulager mes intentions.
Je sens évoluer la matière sous la pression, la déformation, l’étirement jusqu’au raisonnable. Le temps ne compte plus.
J’étudie et apprivoise la forme mouvante, instable et domptable.
Une pause inévitable s’impose. Soutenir l’affaiblissement, observer dans l’impatience, apprécier l’ébauche puis entamer la conquête d’une progression spontanée  du volume qui s’invente.
Cette cadence rythmant l’harmonieuse forme dans son état résultat, l’état cru, gonflé d’eau et  d’inconstance jusqu’à l’assèchement, qui laisse croire à la vie du modelage naissant dans l’argile.
Puis le constat de la matière mutante, durcie par le feu, menée vers sa stabilité, destinée à son  ultime étape, le choix de sa finition.
Finir l’objet, c’est lui permettre d’atteindre sa noblesse.
La forme prend son sens.

L’instant présent se compose.
Je modèle.
Au petit matin, je dessine mes pensées, courbes mal instruites dirigeant mes souhaits, phrases indisciplinées marquant mes repères.
Vite, vite, j’ai besoin de toucher terre, « boulimique », émue, contrariée, encore rêveuse. Je rassemble mes idées. Je compose, j’élève, j’interprète.
Déjà les idées premières se confondent avec l’inconscient bienveillant qui guide mes gestes étrangement éduqués.
D’où sortent ces symboles sculptés indissociables de mon savoir faire ?
D’où viennent ces civilisations qui semblent m’appartenir, ces animaux puissants et féroces, amusants de rondeurs et d’expression ?
D’où surgissent ces lutins, gentils lutins, que je souhaite adopter ?
D’un monde imaginaire pourtant si proche de notre réalité.

L’instant présent se savoure.
Je modèle.